Instruction publique

Avant 1789, l’instruction était donnée par des clercs qui faisaient lire les enfants dans l’évangile et leur apprenaient le catéchisme, puis ensuite par des maîtres d’école. Le programme exclusivement religieux était alors un peu plus chargé : les enfants lisaient dans une histoire sainte, dans l’évangile et le catéchisme.

L’école, aujourd’hui complètement rasée, était attenante à l’église ; elle était composée de trois pièces : une salle de classe, une cuisine et une chambre. La salle de classe très étroite était éclairée par une seule fenêtre ; le sol ou plancher était formé de terre battu, le plafond de solives mal jointes comme on en voit encore dans les vieilles masures. Les enfants s’asseyaient sur des bancs ou s’entassaient par terre.

D’ailleurs, le maître d’école était plutôt un homme d’église qu’un instituteur : il était nommé par le curé et devait sonner les cloches, balayer l’église, chanter au lutrin, aider Monsieur le Curé à s’habiller et à se déshabiller dans la sacristie, allumer et éteindre les cierges.

On observait scrupuleusement à Livilliers la circulaire du 15 mars 1816 disant que “l’instruction primaire avait surtout pour objet de renforcer l’instruction religieuse et d’imprimer dans le cœur des jeunes gens d’une manière durable le sentiment de leurs devoirs envers Dieu et le roi”.

En 1834, l’école fut déplacée et installée dans un local annexé au presbytère. La salle de classe était plus vaste, mieux éclairée, carrelée et le plafond plus élevé. Au-dessus se trouvait la chambre du maître puis la cuisine se trouvait dans un local séparé. Ces deux locaux existent encore et servent de clapier, poulailler et buanderie au presbytère.
L’enseignement devient plus complet à partir de 1834 : à l’instruction religieuse, on ajoute l’écriture, un peu d’orthographe et de calcul.

L’instituteur est non plus nommé par le Curé, mais par le Conseil Municipal après avis du Maire et du curé. L’influence de ce dernier est toujours prépondérante et l’instituteur qui avait une belle voix et savait bien son catéchisme était préféré à un autre qui avait des connaissances plus étendues en orthographe, en arithmétique, en histoire ou en géographie mais dont la voix était faible ou fausse.

Voici le texte d’une de ces nominations. Toutes celles qui ont été faites ensuite jusqu’en 1862 sont exactement semblables.

Nomination de M.Thierry (7 mars 1825)

“Le Conseil Municipal de la commune de Livilliers, réuni extraordinairement sous la présidence de Monsieur le Maire, au nombre de sept, et les principaux habitants de la commune, avons, d’après le décès de Monsieur Poisson, instituteur, avons nommé pour remplacer les fonctions d’instituteur primaire de cette commune la personne de François- Alexandre Thierry et lui accordons :

Primo, pour son traitement la somme de Cent francs et il recevra, en outre, quarante francs pour l’entretien des horloges. De plus, pour les enfants qui fréquenteront les petites écoles :

Primo. Pour ceux qui commencent à lire dans l’alphabet : cinquante centimes.
Secundo. Pour ceux qui liront dans l’ancien testament : soixantequinze centimes.
Tertio. Et pour ceux qui écriront et calculeront : un franc.
Pour son logement, il aura la maison appartenant à la commune. Fait et arrêté à la commune de Livilliers le sept mars mil huit cent vingt cinq.”

Suivent les signatures des onze personnes présentes.

L’enseignement ne prend réellement son essor qu’en 1844 avec Monsieur Ollivet. Depuis les progrès ont été sans cesse en augmentant et les instituteurs qui se sont succédé ont la plupart été bien vus par la population ; ils ont tous accompli consciencieusement leur tâche et laissé de bons souvenirs.

Leur zèle parfois était raillé par quelques grincheux intéressés à ce que le peuple fût toujours ignorant. “C’est bon, c’est bon, disait un maire aujourd’hui décédé, il ne faut pas trop les instruire, c’est toujours assez bons pour faire des charretiers”. Ces paroles nous ont maintes fois été rapportées. Malgré cette obstruction, le courant était pris et plusieurs de ces “charretiers” sont maintenant de petits propriétaires, de forts bons cultivateurs et occupent même les fonctions municipales avec avantage sur leurs prédécesseurs.

Nous avons plaisir à entendre encore parler avec beaucoup de sympathie de Monsieur Duval, récemment décédé à Montmorency, de Monsieur Baillet instituteur retraité à Grisy-les-Plâtres, de Monsieur Gourlay actuellement instituteur à Vémars et de Monsieur Lignez, instituteur à Sarcelles, notre prédécesseur immédiat.

Ce n’est que sous Monsieur Lignez que l’école a commencé à présenter des élèves à l’examen du certificat d’études primaires (1889) et depuis lors elle a obtenu 23 succès. Ce n’est certes pas là un nombre bien considérable, mais il faut considérer que l’effectif scolaire est seulement de 30 élèves en moyenne.

Nous avons oublié de dire que l’école d’aujourd’hui est bien située et convenable, la salle est assez grande, bien aérée, parquetée, le logement particulier de l’instituteur suffisant et bien distribué, indépendant de tout voisinage, le jardin de l’école assez étendu, entouré de murs et bien planté.

Cette école a été construite en 1852 par une dame généreuse, Madame Hamot de Gérocourt, commune de Génicourt. Cette dame a fourni le terrain et payé entièrement la construction laquelle s’est élevée à 12.000 F., puis elle a cédé le tout à la commune pour 5.000 F. seulement, à condition que l’ancienne école serait mise à l’entière disposition du curé.

Cette dame avait déjà, en 1848, légué une rente de 100 F. à l’instituteur pour que celui-ci tienne l’église et la sacristie dans un état de propreté convenable. Tous les instituteurs qui se sont succédé de 1848 à 1887 ont bénéficié de cette rente, et ont, par conséquent, rempli exactement l’obligation imposée par le testament. Notre prédécesseur et nous-même avons pensé que telle n’était pas notre mission de balayer et d’épousseter l’église et la sacristie, que nous avions autre chose à faire, et pour d’autres motifs inutiles à développer ici, nous avons abandonné purement et simplement la rente, en ce qui nous concerne bien entendu, sans engager en quoi que ce soit nos successeurs.

Notre rôle est devenu très important et surtout très lourd. Nos programmes ont été entièrement bouleversés. Aux matières principales enseignées avant 1882, c’est-à-dire à l’orthographe, à l’Arithmétique, à l’Histoire et à la Géographie sont venus s’ajouter l’instruction morale et civique, les Sciences physiques et naturelles, la géométrie, le dessin, la musique, etc. Toutes ces matières, nous les enseignons consciencieusement, c’est dire que nous n’avons pas de temps à perdre. Tout notre enseignement converge vers un but, celui de former de bonnes mères de famille, de former surtout des hommes instruits, des patriotes convaincus, pénétrés de leurs droits, mais aussi de leurs devoirs, et notre tâche sera remplie si nous pouvons participer, dans la mesure de notre modeste sphère, à la grandeur de la “Patrie” et de la “République”.