Esquisse historique

Livilliers que l’on trouve écrit Lhivilliers dans les actes des XVIIe et XVIIIe siècles s’écrit Linvilliers (Linvillerium) dans les actes du Moyen-Âge.

Quelques habitants de Livilliers disent “Nivilé” ou “Nivilliers”.

Livilliers est un village de 211 habitants.

Nous avons entendu dire aux gens du pays qu’autrefois Livilliers avait été une ville fortifiée, rien ne le prouve aujourd’hui, rien cependant ne s’oppose à ce que l’on puisse admettre que ce village ait été à une époque reculée une petite cité munie de remparts ; sa situation sur un plateau qui domine une gorge pouvant livrer passage à une armée, permet de donner quelque créance à l’opinion qui suppose que les Romains avaient fait de cet endroit une position pour surveiller la vallée qui conduit de l’Oise à Paris.

Dans la gorge étroite qui sépare Livilliers de Génicourt, il y a un lieu-dit “Le Clos de Rome”, ce nom serait-il un souvenir vague et éloigné de quelque cohorte romaine ou peut-être la tradition de quelque redevance envers la cour de Rome.

Nous avons dit que Livilliers s’écrivait au moyen-âge Linvillerium que l’on peut traduire par Linivillerium, village du lin, car on y a cultivé beaucoup de lin et cette culture était assez étendue il y a 40 ans.

On connaît peu de seigneurs de Livilliers :

  • Payen de Gisors au commencement du XIIe siècle,
  • Charpentier, seigneur d’Ennery 1580,
  • Nicolas de Boulainvilliers, chevalier.

Depuis 1757 jusqu’en 1789, la terre de Livilliers appartenait en grande partie aux “de Gouy d’Arsy” seigneurs de Marines.

Livilliers ne présente plus rien de remarquable, son ancien château existe encore, mais à peine sous son enveloppe de ferme conserve-t-il quelque reflet de son ancienne grandeur. Le corps de bâtiment était du reste très petit et présente encore avec la porte d’entrée quelque chose de seigneurial (si l’on y regarde de près). La ferme seigneuriale située à droite était, dit-on, tout à fait princière et l’on peut s’en convaincre en réunissant, par la pensée, tous ses membres épars qui s’étendent sur une grande partie de la rue qui va de l’église à la mare des Torés.

Cette ferme a subi son dernier démembrement en 1857 à la mort de Monsieur Léchauguette, maire de Livilliers, dernier possesseur de l’ombre de l’ancienne ferme seigneuriale.

Quatre familles habitent aujourd’hui la cour de la ferme ; l’antique et traditionnel colombier lui-même a disparu.

L’Ecole et la Mairie réunies construitent en 1850 et le presbytère sont les seules maisons remarquables de Livilliers.

Livilliers n’a et ne parait jamais avoir eu de hameau dans sa circonscription territoriale qui du reste est assez restreinte. La partie construite a été toutefois plus étendue, car avec la charrue on met encore à découvert dans les champs du “Moulin” des fondations d’anciennes constructions.

Le caractère général des habitants est une très grande douceur de moeurs. Il est à remarquer que l’on voit rarement de disputes et presque jamais de rixes, si l’on en excepte quelques altercations, suite du séjour trop prolongé de quelques ouvriers dans les deux seuls cabarets du village.

En 1423 pendant les guerres de Charles VII contre les Anglais, le duc d’Yorck commandant les troupes de Henry VI d’Angleterre, campa dans les plaines d’Hérouville et d’Ennery et par conséquent de Livilliers, mais il n’y eut pas de bataille en cet endroit.

L’Église

L’existence de Livilliers comme village ne nous est révélée par aucun fait historique antérieur au XIIe siècle bien qu’il existait incontestablement longtemps avant.

Le style architectorique de l’Eglise dénote, si nous ne nous trompons pas la fin du XIe siècle ou le commencement du XIIe siècle. Le choeur, la nef et les chapelles sont de cette époque. Il y a dans l’église une particularité peu gracieuse mais qui n’en demande pas moins à être remarquée : ce sont les énormes contreforts intérieurs qui en la consolidant défigurent affreusement les bas côtés.

En examinant les voûtes, on voit qu’il y a eu à une certaine époque une poussée considérable dans la nef et que pour éviter la destruction d’une grande partie de l’église on a dû avoir recours à ce moyen nécessaire.

Le porche mérite une mention spéciale.

Ce porche latéral, tourné du côté du nord est construit dans le style de la belle renaissance de François Ier. A l’extérieur, colonnes corinthiennes, triglyphes et astragales, vases à guirlandes, niches pour statuettes. A l’intérieur, la voûte est ornée de caissons fort délicatement sculptés et une niche où l’on voit encore une statue en bois de la Vierge.

Quant au “clocher” le plus aigu de tous les environs, il n’est nullement en rapport avec le genre de l’église ; il est probable que le clocher primitif était en pierre et que menaçant ruine il a été remplacé par la flèche d’ardoise que l’on voit aujourd’hui.

C’est absolument tout ce que l’on peut dire au point de vue historique sur Livilliers.

Ce village dépourvu de tout moyen de communication rapide, à 7 kilomètres de toute gare de chemin de fer, n’est pas appelé à se développer. Il restera donc maintenant forcément stationnaire après avoir beaucoup diminué en population. Nous disons qu’il sera stationnaire parce que le numérique de la population actuelle est indispensable à l’agriculture. Encore fait-on appel aux ouvriers du Nord à l’époque des binages de betteraves et des travaux de la moisson.

Depuis 20 ans, la population indigène a en partie émigré pour se placer ailleurs soit dans l’industrie, soit dans le commerce et a été remplacée par des habitants du nord de la France.