L’église de Livilliers, construction assez homogène du premier tiers du XIIIe siècle, appartient par sa nef à un type curieux et présente sous cet aspect un réel intérêt, en dépit des accidents dont elle a souffert et de la reconstruction partielle inachevée dont elle fut l’objet au XVIe siècle. De plus le raffinement du porche qu’y ajouta la Renaissance est assez exceptionnel pour une église campagnarde.
L’église est dédiée à Notre Dame de la Nativité, ainsi qu’en témoigne une déclaration donnée par François-Ovide La Croix, curé, à l’assemblée Générale du Clergé de France le 25 juin 1729. Mais on la voit aussi désignée sous le vocable de Saint-Fiacre, patron des maraîchers, notamment dans un procès-verbal de visite du 11 juin 1646 : c’est cette dédicace qui prévaut actuellement.
Comme il est dit précédemment, l’ancienne chapelle romane, devenue trop petite ou trop vétuste, est reconstruite au début du XIIIe siècle : il ne reste actuellement aucun vestige identifiable de l’édifice primitif, mais il est certain qu’il comportait un clocher central de plan carré dont les faibles dimensions déterminèrent la largeur à donner au nouveau chœur et à la nouvelle nef, dont les murs devaient buter la tour. Comme dans les petites églises romanes de la région, il n’y avait pas de transept et le clocher était porté par deux épais murs longitudinaux. Le chœur était éclairé par des lancettes latérales et, au chevet, par deux lancettes accolées surmontées d’un oculus. Le groupe de trois colonnettes liées supportant la voûte aux angles du chevet est assez caractéristiques de la fin du XIIe siècle, mais datent probablement du XIIIe siècle.
Le reconstructeur de l’église fut certainement influencé par les édifices récemment bâtis dans la région à l’imitation de Notre Dame de Paris, et notamment l’église d’Ennery. Les piles et la façade qui déterminaient le plan ont encore le style de la fin du XIIe siècle, en particulier le portail occidental dont nous reparlerons.
Le vaisseau central n’a qu’une faible largeur. Quatre travées sont déterminées par la présence, de chaque côté, de quatre arcades en tiers-point portées sur des colonnes monocylindriques, fortes et trapues. Leurs chapiteaux, eux-mêmes de proportion ramassée, comportent une assise de crochets végétaux (bourgeons ou feuilles de nénuphar), et sont surmontés de tailloirs carrés qui semblent, par leur diversité, témoigner de remaniements : les plus anciens présentent le cavet bordé de deux filets qui fut pour ainsi dire classique entre 1210 et 1240. Les tailloirs reçoivent les retombées des grandes arcades à brisure accentuée, décorées d’un tore sur chaque arête, assez minces et laissant sur le tailloir la place nécessaire aux socles et aux bases des trois colonnettes groupées, qui montent le long de la muraille pour porter l’ossature de la voûte. Les bases de ces colonnettes sont aplaties, les tailloirs de leurs chapiteaux perpendiculaires à la murailleUne partie de la voûte, et notamment les doubleaux, a été refaite à une date ignorée, sans doute au XVIe siècle ; Mais on peut encore constater que les nervures en amande de la voûte, ainsi que leurs formerets, ont pu être en grande partie conservés : Ces ogives primitives s’élèvent entre les arcs du triforium.
A Livilliers comme à Ennery, de fausses tribunes s’ouvraient au-dessus des arcades, sur les combles des bas-côtés. Aujourd’hui bouchées, elles restent néanmoins visibles. Elles comprennent dans chaque travée deux baies jumelles en tiers point encadrées d’une fausse arcade de même dessin, le tout reposant sur un cordon horizontal de profil torique. Il n’y a, au cadre de ces baies, ni tores ni colonnettes ; les pieds-droits et les arcs sont simplement dessinés par des cavets ininterrompus
C’est dans l’élévation des murs de la nef que le maître d’œuvre fit preuve de plus d’ambition que de talent. Malgré l’étroitesse de la nef, il voulut donner une trop grande hauteur à la voûte. Cette voûte monte ici plus haut qu’à Ennery, ce qui constituait une imprudence d’autant plus inutile que, dans un souci d’économie, pour éviter l’établissement d’arcs-boutants, on renonça à établir des fenêtres hautes, ce qui prive la nef de tout éclairage direct. Mais la précaution fut insuffisante car la voûte finit par écarter les murailles latérales. Dans un premier temps, on se contenta de buter les colonnes de la nef par d’énormes contreforts qui encombrent les bas-côtés et dont il est difficile de préciser la date. C’est vers l’extrémité orientale de la nef que les murs “bouclent” le plus.
C’est pourquoi au XVIIIe siècle, il fallut sérieusement envisager la restauration de l’édifice qui menaçait de s’écrouler. Mais cela n’alla pas sans de furieuses discussions : il faut dire que si les prieurs encaissaient les dîmes, ils rechignaient à participer à l’entretien des édifices. C’est ainsi que Monseigneur Joseph d’Elèvemont, abbé commendataire du prieuré de Conflans, avait signalé au curé de Livilliers, l’abbé Le Page, qu’il comptait sur la générosité des paroissiens pour réparer leur église. Aussi, le 25 juillet 1751, l’abbé Le Page réunit il ses ouailles, au son de la cloche, pour leur communiquer les demandes du prieur. Ayant écouté la lecture, les fermiers déclarèrent qu’ils demanderaient avis à leurs maîtres. Les propriétaires répliquèrent qu’ils ne pouvaient rien décider sans l’autorisation des seigneurs ; mais tous étaient d’accord pour ne pas délier les cordons de leur bourse. Le curé essaya de résoudre le problème en répartissant les responsabilités : les gros décimateurs se chargeraient de l”entretien du chœur, des bas-côtés et de la sacristie ; le Conseil de Fabrique s’occuperait des sous-ailes, et les seigneurs paieraient la réfection du presbytère et des autres bâtiments. Un accord précaire semblait donc conclu, mais peu de temps après la discussion reprit de plus belle : ceux qui étaient chargés de réparer le chœur avaient, parait-il, endommagé les sous-ailes ; ceux qui avaient réparé le clocher avaient détérioré les chapelles ; et ainsi de suite ! N’ayant pu réconcilier ses fidèles, le pauvre curé Le Page fut bien obligé de répondre au Prieur par une fin de non-recevoir. Mais il s’exprima avec une élégance tout à l’honneur d’un curé de campagne et, après avoir expliqué à Mgr d’Elèvemont que ses paroissiens ne voulaient rien entendre, il termina ainsi sa lettre : “La-dessus chacun s’est retiré aussi mécontent que je suis charmé de vous prouver icy et en tout temps, que personne n’a l’honneur d’estre plus respectueusement que moy, Monsieur, vostre très humble et très obéissant serviteur. A Livilliers, ce 17è de juillet 1751”.
Et c’est pourquoi, pour éviter le déversement des murs, il fallut maintenir les parties hautes par des chaînes de fer posées au-dessous des chapiteaux qui portent les voûtes, puis placer des étrésillons à différentes hauteurs au-dessus du chapiteau de la première colonne, au nord et au sud.
Au XVIe ou au XVIIe siècle, pour obvier à l’étroitesse du vaisseau sous les doubleaux est et ouest du carré, on supprima les groupes de colonnettes qui portaient ces arcs pour les remplacer par des pilastres doriques. Le massif nord-ouest fut même refait tout entier, car la première arcade de la nef de ce côté repose sur un pilastre analogue à ceux qui supportent les doubleaux du XIIIe siècle. Ceux-ci existent encore en effet, avec les quatre tores dont ils sont élégis, comme existe aussi la voûte d’ogives qui règne entre eux, à un niveau légèrement inférieur à celui des voûtes de la nef. Les nervures comprennent ici deux tores séparés par une arête ; un bouquet de feuillage dissimule le point de croisée. Au nord et au sud, l’arcade assez basse et sans caractère, évidemment refaite à une date indéterminée, qui communique avec le bras correspondant du transept primitif, est surmontée d’une muraille nue. Faut-il déduire de ces dispositions, ainsi que de l’étroitesse du vaisseau central, qu’il y eut, comme à Ennery, reprise en sous-œuvre d’un clocher du XIIe siècle surmontant un transept moins élevé que les nouvelles constructions du XIIIe siècle ? On peut émettre cette hypothèse.
La nef gothique était double de bas-côtés qui devaient être voûtés avant le déversement des parois de la nef, car on retrouve par places des colonnettes qui en portent témoignage. Actuellement, ils sont simplement plafonnés. Le mur du collatéral sud ne présente d’ouverture que dans les deuxième et troisième travées. Le mur nord, nous le verrons, a été refait au XVIe siècle, et il semble qu’on eut le projet d’y restituer une voûte.
Ni les demi-croisillons ni les chapelles orientées ne présentent de véritable intérêt à l’intérieur de l’église. Ces chapelles, elle du sud semblant remonter à la fin du XIIIe siècle, et celle du nord au XIVe, ont obturé au moins en partie les lancettes latérales du chœur, avec lequel elles communiquent par des arcs en tiers-point de même profil que les arcades de la nef. Ces ouvertures sont excentrées vers l’Ouest, car les chapelles sont moins profondes que le chœur. La chapelle sud présente, sur le plan du chœur, une lancette. Sur le plan de la croisée, sa muraille a été repercée d’une fenêtre plein-cintre à remplage Renaissance.
Quant au chœur, il conserve son caractère primitif avec sa voûte d’ogives, en tout semblable à celle du carré, placée au même niveau et encore munie de ses supports du XIIIe siècle. Ce sont, dans chaque angle, trois colonnettes liées comme on en voit dans le transept de Saint-Maclou de Pontoise vers le milieu du XIIe siècle, et dans le chœur de Puiseux en Vexin à une date peu antérieure à celle de Livilliers. Ici le chœur, qui dévie un peu vers le nord relativement à l’axe de la nef, indice d’une interruption des travaux, reçoit le jour de chaque côté par une lancette dont l’arc, mal appareillé, témoigne d’une refaçon, et, en arrière de l’autel, par deux autres lancettes surmontées d’un oculus, le tout abrité sous une fausse arcade en tiers-point. Comme aux tribunes de la nef, il n’y a pas de colonnettes de chaque côté de ces diverses fenêtres : elles sont entourées de bideaux et même, pour compléter la ressemblance, les biseaux des façades extérieures sont creusés en cavets.
Mobilier
L’église de Livilliers renferme une “Vierge à l’enfant” en bois, du XIIe siècle, et un “Saint Fiacre”, également en bois, de datation incertaine.
Le retable d’autel, en mauvais état, date du XVIIIe siècle
Extérieur
A l’extérieur les seules parties de l’église qui gardent le cachet de leur construction primitive au XIIIe siècle sont le chœur, encore pourvu de ses contreforts à glacis non saillants, et la façade occidentale.
Le portail rappelle tout à fait ceux des églises voisines de Nesles, de Champagne, d’Auvers et surtout de Vallangoujard dont il possède les dimensions restreintes. Ses voussures toriques en tiers-point sont portées de chaque côté par des colonnettes en délit, logées dans les angles (les fûts de gauche ont disparu) ; Leurs chapiteaux de feuillage sont sculptés avec moins de délicatesse que ceux des portails précités, mais sont bien conservés. Les voussures sont surmontées d’une archivolte végétale en mauvais état, reposant sur de petits culots en forme de têtes. Les tailloirs sont creusés d’un cavet entre deux filets, comme aux chapiteaux de la nef ; sur les claveaux, des tores dont l’un est aminci en amande.
Le tympan, que l’on a soulagé d’un linteau de bois, est percé à sa partie supérieure d’un oculus entouré d’un cavet, comme les fenêtres et les tribunes du chœur. L’inexistence primitive d’un trumeau demeure certaine.
Le portail est encadré par deux volumineux contreforts dont l’un, ici au sud, est plus volumineux et est surmonté d’une tourelle octogonale ; il contient en effet l’escalier qui conduit dans les combles.
La chapelle construite au nord du chœur remonte peut-être au XIVe siècle. Celle du midi semble plus ancienne et doit même être assez rapprochée de la date du début de l’église. Sa muraille latérale, percée d’une lancette sans ornement, est surmontée d’une corniche à petits modillons cubiques, semblable à elle que l’on voit à Frouville, à Vallangoujard, en des parties d’église construites vers le second quart du XIIIe siècle. La première travée de la même chapelle, ou pour parler plus exactement, le bras méridional du transept, est éclairé par une fenêtre en plein-cintre de la Renaissance, avec un meneau, deux arcs jumeaux en plein-cintre et un soufflet en forme de ballon.
Nous ignorons quel était l’état exact de l’église à la fin de la guerre de Cent Ans, mais elle semble ne pas avoir subi de restauration importante avant la seconde moitié du XVIe siècle. C’est en effet en 1560 qu’un maître-maçon et un sculpteur de Pontoise furent sollicités pour reconstruire le bas côté nord de la nef et le doter d’un porche, “le plus beau que faire se fasse”.
Pourquoi un porche ? Peut-être pour accueillir les villageois : les premières basiliques étaient précédées d’un narthex, et le porche pouvait en tenir lieu. On prétend aussi que les guerres de religions ayant divisé les croyants, certains considérés comme hérétiques n’étaient plus autorisés à pénétrer dans l’église, mais pouvaient assister aux offices, tout comme les serfs, sous cet abri. De toute façon le goût de parfaire les églises était dans l’air du temps, et il est possible que les responsables de la paroisse de Livilliers n’aient pas résisté à cette innovation.
Si le bas-côté ne fut qu’ébauché, (il comporte des fenêtres Renaissance, mais ses pilastres intérieurs ne portent que des amorces de voûte), le porche qui précède la troisième travée à partir de l’ouest fut, comme le souhaitaient ses marguilliers, un chef d’œuvre de la Renaissance dans sa première manière, et on peut le rattacher au style de l’école des Lemercier, qui furent les architectes de Saint Maclou de Pontoise. C’était jadis une oeuvre ravissante, et même aujourd’hui après les longues injures du temps et des hommes, le porche de Livilliers laisse encore apprécier la grâce de son ordonnance en même temps que la finesse de son exécution. Le reproche le plus sérieux que l’on puisse faire à son architecte, c’est d’avoir donné à l’arcade d’entrée une trop grande hauteur ou plutôt de ne pas avoir donné à cette entrée assez de largeur.
Ce porche est richement décoré, sans présenter la monotonie et la froideur des oeuvres ultérieures de son auteur. Tout en s’inspirant des ordres antiques comme le voulait la mode du temps, l’architecte ne craignit pas de les interpréter avec la plus grande liberté. Au-dessus de colonnes un peu longues, ses chapiteaux revêtus de feuilles d’acanthe sous un rang d’oves, ne sont ni ceux de l’ordre ionique, ni ceux du corinthien ; ce que l’artiste a visiblement cherché à faire, c’est un dorique orné, non dépourvu d’agrément. Ces fantaisies font penser à celles que se permettra bientôt un autre maître d’œuvre (ou peut-être le même ) au portail de Marines ou à la chapelle seigneuriale de Magny. Mais ici ce n’est pas seulement dans les chapiteaux que le constructeur innove de manière heureuse : Il dresse des feuilles d’acanthe dans les métopes de l’entablement surmontant l’ouverture en plein-cintre, acquérant ainsi le droit de plier une de ces feuilles comme d’autres font d’une patère, sur les angles en retour, au-dessus des colonnes et des pilastres contreforts.
La décoration végétale introduite dans les écoinçons de l’arcade se recommande à l’attention ; il faut rapprocher ces rameaux de laurier des branchages qui s’entrecroisent agréablement au-dessus du petit portail sud-est de Saint-Maclou de Pontoise, car Pontoise et les maîtres pontoisiens semblent toujours être le centre où s’inspirent toutes ces ingénieuses architectures. Dans le pignon, une niche rappelant celle de l’étage inférieur s’accompagnait sans doute d’autres ornements que le temps n’a pas respectés. Dans toute cette construction, la résistance de la pierre s’est montrée malheureusement très inégale.
A l’intérieur, le porche, très profond, est recouvert d’une voûte en berceau décorée de caissons carrés que meublent des fleurons végétaux et des têtes de chérubins (ce motif, soit dit en passant, se fait de plus en plus familier). Cette voûte repose de chaque côté sur une série de consoles revêtues de feuilles d’acanthe. Plus bas, des niches en cul-de-four, assez simples, sont encadrées par des pilastres corinthiens parfaitement traditionnels
La porte sous linteau qui s’ouvre dans le fond est encadrée d’un faux portique composé de quatre colonnes néo-doriques analogues à celle de la façade, et d’un entablement à triglyphes et à patères. Sur le linteau, un large cartouche semble attendre une inscription peinte ou gravée. Au-dessus de l’entablement, tout le reste de la muraille jusqu’à la lunette du berceau, est occupé par un grand bas-relief où l’on peut voir, sous une figure de Dieu le Père en buste, portant le globe terrestre et bénissant, la lune, le soleil, l’olivier et la porte du Ciel. Au registre inférieur se dessinent les emblèmes de la Vierge, le lis entre les épines, la tour de David, le cèdre du Liban, le miroir sans taches, la fontaine et la cité de Dieu. Dans la niche centrale on pouvait voir, jusqu’en 1895, une Vierge en bois peint. Le bas-relief et toute la décoration intérieure du porche ont beaucoup souffert de l’emploi immodéré du badigeon : rien ne se lit plus des noms jadis peints sur les phylactères qui accompagnent respectivement les divers emblèmes. Ce porche, par son style, appartient bien au début du règne de Charles IX. Quoique le connétable de Montmorency, ce grand bâtisseur, possédât depuis 1552 plusieurs fiefs importants à Livilliers, on ne voit nulle part ses armoiries ni rien qui laisse supposer une part quelconque prise par lui à la construction de ce porche.
Notons encore que la veuve de Victor-Thérèse CHARPENTIER, marquis d’Ennery et seigneur de Livilliers, mort en 1776 aux Antilles, fit peindre dans l’église de Livilliers, comme dans celle d’Ennery, une litre funèbre pour honorer la mémoire de son mari. Les armoiries de cette litre furent apposées aussi sur les parois intérieures du porche. Aujourd’hui très effacées, elles étaient en tous semblables à celles qui existent à Ennery.
Au fond de l’église est gravée une plaque ainsi rédigée :
“Cy gist venerable et discrette personne me (nommée) iehan (Jean) cheron luyviuant pbrê (prêtre) curé de celle église lequel a donné à léglise et fabrique de céans la somme de trois cens liures tournois pour bne (une) fois payer et bng (un) quartier de terre ou enuiron ainsi quil est déclaré plus aplainpar son testament passé par deuant couturier notaire a Ponthoise le deuzième jour de décembre millix cens et sept à la charge que les marguilliers dicelle église seront tenus aperpétuité faire chanter et célébrer en icelle par le curé ou bicaire par chacun an cinq hautes messes la première le lendemein de Sainct Mathias la seconde le lendemain de Saincte Croys au mois de septembre la troiasième la beuille (veille) de Sainct Jehan baptiste la quatième le tiers jour de ianvier et la dernière au iour de son décès et à la fin de chacune messe se chantera le libera avec le psalmes de de profundis et les oraison acoutummées et fournir par les marguilliers d’ornemens et lumineres et autres choses convenables pour ce faire lequel décéda (dès) le huitiesme iour d’apvril mil six cens treize pries Dieu pour son âme requiscat in pace pater noster ave maria”
C’est probablement au XVIIe siècle, voire même un peu plus tard, que l’église de Livilliers subit ses derniers remaniements d’importance
Une tour sans grand caractère, en pierres de taille, surmonte le carré de l’ancien transept. C’est peut-être sa construction qui est à l’origine de la correspondance entre l’abbé Le Page, curé de Livilliers, et le prieur d’Elèvemont, correspondance citée plus haut et dans laquelle il est question “des travaux du chœur et du clocher qui, selon les habitants, endommageraient les bas-côtés, chapelles et sacristie”. C’est à cette occasion que la travée que surmonte la tour fut remaniée, que les ouvertures en tiers-point non décorées (et donc d’âge incertain) qui ouvraient cette travée sur les chapelles, ont reçu à l’intrados un second rouleau porté aussi par des pilastres doriques, et que le pilier nord-ouest fut entièrement refait.
La cloche qui se balance dans cette tour maussade eut, en 1676, des parrain et marraine illustres, le Grand Condé et sa sœur, la duchesse de Longueville. Pour celle-ci, l’identification est certaine ; pour le parrain, le nom de “Monseigneur Louis de Bourbon”, sans addition, semble désigner le chef de la maison de Condé ; mais on pourrait chercher ici à reconnaître Louis-Armand de Bourbon, prince de Conti, né en 1661, neveu de Condé et de Madame de Longueville, d’autant que le jeune prince avait trouvé Livilliers dans sa part de l’immense héritage des Montmorency. Voici le texte de l’inscription :
“LAN 1676 IAY ETE BENISTE PAR MRE CLAVDE DAMEVILLE CVRE DE
CESTE PAROISSE DE LIVILLIERS ET NOMMEE ANNE LOVISE PAR MONSEIGNEVR LOVIS DE BOVRBON ET DAME GENEVIEFVE DE BOVRBON PRINCESSE DU SANG DVCHESSE DE LONGVEVILLE. NICOLAS VAILLANT MARGVILLIER.”
Cette cloche, qui mesure 1.05 m de diamètre, n’est pas signée. Elle porte sur la panse une large croix élevée sur trois degrés et couverte de rinceaux comme les degrés eux-mêmes. Des extrémités de ceux-ci montent obliquement, à droite et à gauche, comme un supplément de décoration, quatre feuilles d’aulne.
Quant au clocher pointu, grande flèche en ardoises sans caractère, édifié au XIXe siècle en transformation d’un clocher antérieur et tout à fait anachronique dans le Vexin, son seul mérite est de signaler, de très loin, Livilliers aux voyageurs.